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savoir la terre. Et comme ce capital n’est susceptible d’aucune augmentation quant à la matière, mais seulement d’une amélioration indéfinie, quant à l’usage, il arrive que, tandis que l’intérêt ou le bénéfice du prêt (mutuum) tend à diminuer sans cesse par l’abondance des capitaux, la rente tend à augmenter toujours par le perfectionnement de l’industrie, duquel résulte l’amélioration dans l’usage de la terre… Telle est, dans son essence, la rente. » (Tome II, page 265.)

Cette fois, M. Proudhon voit dans la rente tous les symptômes de l’intérêt, à cela près qu’elle, provient d’un capital d’une nature spécifique. Ce capital, c’est la terre, capital éternel, « qui n’est susceptible d’aucune augmentation quant à la matière, mais seulement d’une amélioration indéfinie quant à l’usage. » Dans la marche progressive de là civilisation, l’intérêt a une tendance continuelle vers la baisse, tandis que la rente tend continuellement vers la hausse. L’intérêt baisse à cause de l’abondance des capitaux ; la rente hausse avec les perfectionnements apportés dans l’industrie, lesquels ont pour conséquence un usage toujours mieux entendu de la terre.

Telle est, dans son essence, l’opinion de M. Proudhon.

Examinons d’abord jusqu’à quel point il est juste de dire que la rente est l’intérêt d’un capital.

Pour le propriétaire foncier lui-même, la rente représente l’intérêt du capital que lui a coûté la