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raisons péremptoires suffiraient pour prouver l’inexactitude d’un cadastre basé sur la rente.

D’un autre côté, la rente ne saurait être l’indice constant du degré de fertilité d’un terrain, puisque l’application moderne de la chimie vient à chaque instant changer la nature du terrain, et que les connaissances géologiques commencent précisément de nos jours à renverser toute l’ancienne estimation de la fertilité relative : ce n’est que depuis vingt ans environ qu’on a défriché de vastes terrains dans les comtés orientaux de l’Angleterre, terrains qu’on laissait incultes faute d’avoir bien apprécié les rapports entre l’humus et la composition de la couche inférieure.

Ainsi l’histoire, loin de donner dans la rente un cadastre tout formé, ne fait que changer, renverser totalement les cadastres déjà formés.

Enfin la fertilité n’est pas une qualité aussi naturelle qu’on pourrait bien le croire : elle se rattache intimement aux rapports sociaux actuels. Une terre peut être très fertile cultivée en blé, et cependant le prix du marché pourra déterminer le cultivateur à la transformer en prairie artificielle et à la rendre ainsi infertile.

M. Proudhon n’a improvisé son cadastre, qui ne vaut même pas le cadastre ordinaire, que pour donner un corps au but providentiellement égalitaire de la rente.

« La rente, continue M. Proudhon, est l’intérêt payé pour un capital qui ne périt jamais,