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en Irlande, quoique le fermage y ait pris un développement extrême. La rente étant l’excédent non seulement sur le salaire, mais encore sur le profit industriel, elle ne saurait exister là où le revenu du propriétaire n’est qu’un prélèvement sur le salaire.

Ainsi la rente, bien loin de faire de l’exploiteur de la terre, du fermier un simple travailleur, et « d’arracher au colon l’excédent du produit qu’il ne peut s’empêcher de regarder comme sien, » met en présence du propriétaire foncier le capitaliste industriel, au lieu de l’esclave, du serf, du tributaire, du salarié.

Aussi s’est-il écoulé un grand laps de temps avant que le fermier féodal fût remplacé par le capitaliste industriel. En Allemagne, par exemple, cette transformation n’a commencé que dans le dernier tiers du XVIIIe siècle. Il n’y a que l’Angleterre où ce rapport entré le capitaliste industriel et le propriétaire foncier ait pris tout son développement.

Tant qu’il n’y avait que le colon de M. Proudhon, il n’y avait pas de rente. Dès qu’il y a rente, le colon n’est pas le fermier, mais l’ouvrier, le colon du fermier. L’amoindrissement du travailleur, réduit au rôle de simple ouvrier, journalier, salarié, travaillant pour le capitaliste industriel ; l’intervention du capitaliste industriel, exploitant la terre comme toute autre fabrique ; la transfor-