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propriétaire remplissant un devoir mystique et représentant vis-à-vis du colon la communauté, le fermier n’est plus, dans les prévisions de la Providence, qu’un travailleur responsable, qui doit rendre compte à la société de tout ce qu’il recueille en sus de son salaire légitime… Par essence et destination, la rente est donc un instrument de justice distributive, l’un des mille moyens que le génie économique met en œuvre pour arriver à l’égalité. C’est un immense cadastre exécuté contradictoirement par les propriétaires et fermiers, sans collision possible, dans un intérêt supérieur, et dont le résultat définitif doit être d’égaliser la possession de la terre entre les exploiteurs du sol et les industriels… Il ne fallait pas moins que cette magie de la propriété pour arracher au colon l’excédant du produit qu’il ne peut s’empêcher de regarder comme sien et dont il se croit exclusivement l’auteur. La rente, ou pour mieux dire la propriété, a brisé l’égoïsme agricole et créé une solidarité que nulle puissance, nul partage de la terre n’aurait fait naître… À présent, l’effet moral de la propriété obtenu, reste à faire la distribution de la rente. »

Tout ce fracas de mots se réduit d’abord à ceci : Ricardo dit que l’excédant du prix des produits agricoles sur leurs frais de production, y compris le profit et l’intérêt ordinaires du capital, donne la mesure de la rente. M. Proudhon fait mieux. Il fait intervenir le propriétaire, comme