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commun ? Chaque égoïsme s’exerce dans la société et par le fait de la société. Il suppose donc la société c’est-à-dire des buts communs, des besoins communs, des moyens de production communs, etc., etc… Serait-ce par hasard pour cela que la concurrence et l’association dont parlent les socialistes ne sont pas même divergentes ?

Les socialistes savent très bien que la société actuelle est fondée sur la concurrence. Comment pourraient-ils reprocher à la concurrence de renverser la société actuelle qu’ils veulent renverser eux-mêmes ? Et comment pourraient-ils reprocher à la concurrence de renverser la société à venir, dans laquelle ils voient, au contraire, le renversement de la concurrence ?

M. Proudhon dit, plus loin, que la concurrence est l’opposé du monopole, que, par conséquent, elle ne saurait être l’opposé de l’association.

Le féodalisme était, dès son origine, opposé à la monarchie patriarcale ; ainsi, il n’était pas opposé à la concurrence, qui n’existait pas encore. S’ensuit-il que la concurrence n’est pas opposée au féodalisme ?

Dans le fait, société, association sont des dénominations qu’on peut donner à toutes les sociétés, à la société féodale aussi bien qu’à la société bourgeoise, qui est l’association fondée sur la concurrence. Comment donc peut-il y avoir des socialistes qui, par le seul mot d’association, croient pouvoir réfuter la concurrence ? Et comment M. Proudhon lui-même peut-il vouloir défendre