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pour prouver la nécessité de la concurrence, son éternité comme catégorie, etc…

Si l’on s’imagine qu’il ne faut que des ordonnances pour sortir de la concurrence, on n’en sortira jamais. Et si l’on pousse les choses jusqu’à proposer d’abolir la concurrence, tout en conservant le salaire, on proposera de faire un non-sens par décret royal. Mais les peuples ne procèdent pas par décret royal. Avant de faire de ces ordonnances-là, ils doivent du moins avoir changé de fond en comble leurs conditions d’existence industrielle et politique, et par conséquent toute leur manière d’être.

M. Proudhon répondra avec son assurance imperturbable que c’est l’hypothèse « d’une transformation de notre nature sans antécédents historiques, » et qu’il aurait droit « de nous écarter de la discussion, » nous ne savons pas en vertu de quelle ordonnance.

M. Proudhon ignore que l’histoire tout entière n’est qu’une transformation continue de la nature humaine.

Restons dans les faits. La Révolution française a été faite pour la liberté industrielle autant que pour la liberté politique ; et bien que la France, en 1789, n’eût point aperçu toutes les conséquences du principe dont elle demandait la réalisation, disons-le hautement, elle ne s’est trompée ni dans ses vœux, ni dans son attente. Quiconque essaierait de le nier perdrait à mes yeux droit à