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séparés par la machine. Grâce à la machine, le fileur peut habiter l’Angleterre en même temps que le tisserand séjourne aux Indes orientales. Avant l’invention des machines, l’industrie d’un pays s’exerçait principalement sur les matières premières qui étaient le produit de son propre sol : ainsi en Angleterre la laine, en Allemagne le lin, en France les soies et le lin, aux Indes orientales et dans le Levant le coton, etc. Grâce à l’application des machines et de la vapeur, la division du travail a pu prendre de telles dimensions que la grande industrie, détachée du sol national, dépend uniquement du marché de l’univers, des échanges internationaux, d’une division de travail internationale. Enfin, la machine exerce une telle influence sur la division du travail que, lorsque dans la fabrication d’un ouvrage quelconque, on a trouvé le moyen d’introduire partiellement la mécanique, la fabrication se divise aussitôt en deux exploitations indépendantes l’une de l’autre.

Faut-il parler du but providentiel et philanthropique que M. Proudhon découvre dans l’invention et l’application primitive des machines ?

Lorsque, en Angleterre, le marché eut pris un tel développement que le travail manuel n’y pouvait plus suffire, on éprouva le besoin des machines. On songeait alors à faire l’application de la science mécanique, déjà toute faite au dix-huitième siècle.

L’atelier automatique marqua son début par