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le centre de l’activité commerciale, la division du travail avait une tout autre forme, un tout autre aspect qu’au XVIIe siècle, alors que les Espagnols, les Portugais, les Anglais, les Français avaient des colonies établies dans toutes les parties du monde. L’étendue du marché, sa physionomie donnent à la division du travail aux différentes époques une physionomie, un caractère qu’il serait difficile de déduire du seul mot diviser, de l’idée, de la catégorie.

« Tous les économistes, dit M. Proudhon, depuis A. Smith ont signalé les avantages et les inconvénients de la loi de division, mais en insistant beaucoup plus sur les premiers que sur les seconds, parce que cela servait mieux leur optimisme, et sans qu’aucun d’eux se soit jamais demandé ce que pouvaient être les inconvénients d’une loi… Comment le même principe, poursuivi rigoureusement dans ses conséquences conduit-il à des effets diamétralement opposés ? Pas un économiste, ni avant ni depuis Smith, ne s’est seulement aperçu qu’il y eût là un problème à éclaircir. Say va jusqu’à reconnaître que dans la division du travail, la même cause qui produit le bien engendre le mal. »

A. Smith a vu plus loin que ne le pense M. Proudhon. Il a très bien vu que dans la réalité la différence des talents naturels entre les individus est bien moindre que nous ne le croyons. Ces dispositions si différentes, qui semblent