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nous ne parvenons à la science que par une sorte d’échafaudage de nos idées. Mais la vérité en soi est indépendante de ces figures dialectiques et affranchie des combinaisons de notre esprit. » (Proudhon, t. II, p. 97.)

Voilà tout d’un coup, par une sorte de revirement dont nous connaissons maintenant le secret, la métaphysique de l’économie politique devenue une illusion ! Jamais M. Proudhon n’a dit plus vrai. Certes, du moment que le procédé du mouvement dialectique se réduit au simple procédé d’opposer le bon au mauvais, de poser des problèmes tendant à éliminer le mauvais et de donner une catégorie comme antidote à l’autre, les catégories n’ont plus de spontanéité ; l’idée ne fonctionne plus ; elle n’a plus de vie en elle. Elle ne se pose ni ne se décompose plus en catégories. La succession des catégories est devenue une sorte d’échafaudage. La dialectique n’est plus le mouvement de la raison absolue. Il n’y a plus de dialectique, il y a tout au plus de la morale toute pure.

Quand M. Proudhon parlait de la série dans l’entendement, de la succession logique des catégories, il déclarait positivement qu’il ne voulait pas donner l’histoire selon l’ordre des temps, c’est à-dire, d’après M. Proudhon, la succession historique dans laquelle les catégories se sont manifestées. Tout se passait alors pour lui dans l’éther pur de la raison. Tout devait découler de cet éther au moyen de la dialectique. Maintenant