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Première observation.


« Nous ne faisons point une histoire selon l’ordre des temps, mais selon la succession des idées. Les phases ou catégories économiques sont dans leur manifestation tantôt contemporaines, tantôt interverties… Les théories économiques n’en ont pas moins leur succession logique et leur série dans l’entendement : c’est cet ordre que nous nous sommes flatté de découvrir. » (Proudhon, t. Ier, p. 146).

Décidément, M. Proudhon a voulu faire peur aux Français, en leur jetant à la face des phrases quasi-hégéliennes. Nous avons donc affaire à deux hommes, d’abord à M. Proudhon, puis à Hegel. Comment M. Proudhon se distingue-t-il des autres économistes ? Et Hegel, quel rôle joue-t-il dans l’économie politique de M. Proudhon ?

Les économistes expriment les rapports de la production bourgeoise, la division du travail, le crédit, la monnaie, etc., comme des catégories fixes, immuables, éternelles. M. Proudhon, qui a devant lui ces catégories toutes formées, veut nous expliquer l’acte de formation, la génération de ces catégories, principes, lois, idées, pensées.

Les économistes nous expliquent comment on produit dans ces rapports donnés, mais ce qu’ils ne nous expliquent pas, c’est comment ces rapports se produisent, c’est-à-dire le mouvement