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Je ne prétends pas cela ; mais à cause de leur excès de travail dans les mines, ils ont moins de chances de pouvoir fréquenter les écoles de la semaine et du dimanche » (no  1644). « N’est‑ce pas, il est impossible de traiter ces questions d’une manière absolue ? » (no  1646). « Y a‑t‑il assez d’écoles dans les districts ? — Non » (no  1647). « Si l’État exigeait que chaque enfant fût envoyé à l’école, où pourrait‑on trouver assez d’écoles pour tous les enfants ? — Je crois que, dès que les circonstances l’exigeront, les écoles naîtront d’elles‑mêmes. La plus grande partie non seulement des enfants mais encore des ouvriers adultes dans les mines ne sait ni lire ni écrire » (nos 705, 726).

III. Travail des femmes. — Depuis 1842, les ouvrières ne sont plus employées sous terre, mais bien au‑dessus, à charger et trier le charbon, à traîner les cuves vers les canaux et les wagons de chemins de fer, etc. Leur nombre s’est considérablement accru dans les trois ou quatre dernières années (no  1727). Ce sont en général des femmes, des filles et des veuves de mineurs, depuis douze jusqu’à cinquante et soixante ans (nos 645, 1779 ; no  648). « Que pensent les ouvriers mineurs du travail des femmes dans les mines ? — Ils le condamnent généralement » (no  649). « Pourquoi ? — Ils le trouvent humiliant et dégradant pour le sexe. Les femmes portent des vêtements d’hommes. Il y en a qui fument. Dans beaucoup de cas, toute pudeur est mise de côté. Le travail est aussi sale que dans les mines. Dans le nombre se trouvent beaucoup de femmes mariées qui ne peuvent remplir leurs devoirs domestiques. » (nos 651 et nos 709) « Les veuves pourraient‑elles trouver ailleurs une occupation aussi bien rétribuée (8 ou 10 sh. par semaine) ? — Je ne puis rien dire là‑dessus. » (no  710) « Et pourtant vous seriez décidé à leur couper ce moyen de vivre ? (cœur de pierre !) — Assurément. » (no  1715) « D’où vous vient cette disposition ? — Nous, mineurs, nous avons trop de respect pour le sexe pour le voir ainsi condamné à la fosse à charbon… Ce travail est généralement très pénible. Beaucoup de ces jeunes filles soulèvent dix tonnes par jour. » (no  1732) « Croyez‑vous que les ouvrières occupées dans les mines sont plus immorales que celles employées dans les fabriques ? — Le nombre des mauvaises est plus grand chez nous qu’ailleurs. » (no  1733) « Mais n’êtes‑vous pas non plus satisfait de l’état de la moralité dans les fabriques ? — Non. » (no  1734) « Voulez‑vous donc interdire aussi dans les fabriques le travail des femmes ? — Non, je ne le veux pas. » (no  1735) « Pourquoi pas ? — Le travail y est plus honorable et plus convenable pour le sexe féminin. » (no  1736) « Il est cependant funeste à leur moralité, pensez‑vous ? — Mais pas autant, il s’en faut de beaucoup, que le travail dans les mines. Je ne parle pas d’ailleurs seulement au point de vue moral, mais encore au point de vue physique et social. La dégradation sociale des jeunes filles est extrême et lamentable. Quand ces jeunes filles deviennent les femmes des ouvriers mineurs, les hommes souffrent profondément de leur dégradation, et cela les entraîne à quitter leur foyer et à s’adonner à la boisson. » (no  1737) « Mais n’en est‑il pas de même des femmes employées dans les usines ? — Je ne puis rien dire des autres branches d’industrie. » (no  1740) « Mais quelle différence y a‑t‑il entre les femmes occupées dans les mines et celles occupées dans les usines ? — Je ne me suis pas occupé de cette question. » (no  1741) « Pouvez‑vous découvrir une différence entre l’une et l’autre classe ? — Je ne me suis assuré de rien à ce sujet, mais je connais par des visites de maison en maison l’état ignominieux des choses dans notre district. » (no  1750) « N’auriez‑vous pas grande envie d’abolir le travail des femmes partout où il est dégradant ? — Bien sûr… Les meilleurs sentiments des enfants doivent avoir leur source dans l’éducation maternelle. » (no  1751) « Mais ceci s’applique également aux travaux agricoles des femmes ? — Ils ne durent que deux saisons ; chez nous, les femmes travaillent pendant les quatre saisons, quelquefois jour et nuit, mouillées jusqu’à la peau ; leur constitution s’affaiblit et leur santé se ruine. » (no  1753) « Cette question (de l’occupation des femmes), vous ne l’avez pas étudiée d’une manière générale ? — J’ai jeté les yeux autour de moi, et tout ce que je puis dire, c’est que nulle part je n’ai rien trouvé qui puisse entrer en parallèle avec le travail des femmes dans les mines de charbon… C’est un travail d’homme et d’homme fort… La meilleure classe des mineurs qui cherche à s’élever et à s’humaniser, bien loin de trouver un appui dans leurs femmes, se voit au contraire par elles toujours entraînée plus bas. » Après une foule d’autres questions, à tort et à travers, de messieurs les bourgeois, le secret de leur compassion pour les veuves, les familles pauvres, etc., se révèle enfin : « Le patron charge certains gentlemen de la surveillance, et ceux‑ci, afin de gagner sa bonne grâce, suivent la politique de tout mettre sur le pied le plus économique possible ; les jeunes filles occupées n’obtiennent que 1 sh. à 1 sh. 6 d. par jour, tandis qu’il faudrait donner à un homme 2 sh. 6 d. » (no  1816)

IV. Jury pour les morts occasionnées par les accidents dans les mines. — « Pour ce qui est des enquêtes du coroner dans vos districts, les ouvriers sont‑ils satisfaits de la manière dont la justice procède quand des accidents surviennent ? — Non, ils ne le sont point du tout. » (no  361) « Pourquoi pas ? — Principalement parce qu’on fait entrer dans le jury des gens qui n’ont pas la moindre notion des mines. On n’appelle jamais les ouvriers, si ce n’est comme témoins. Nous demandons qu’une partie du jury soit composée de mineurs. À présent, le verdict est presque toujours en contradiction avec les dépositions des témoins. » (no  378) « Les jurys ne doivent‑ils pas être impartiaux ? — Mais pardon, ils devraient l’être. » (no  379) « Les travailleurs le seraient‑ils ? — Je ne vois pas de motifs pour qu’ils ne le fussent pas. Ils jugeraient en connaissance de cause. » (no  380) « Mais n’auraient‑ils pas une tendance à rendre des jugements injustes et trop sévères en faveur des ouvriers et dans leur intérêt ? — Non, je ne le crois pas. »

V. Faux poids et fausse mesure, etc. — Les ou-