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la lutte des classes en france

s’élevait à plus de 21 millions de francs, dans les provinces, à plus de 11 millions. Des commerçants, locataires de plus de 7.090 maisons parisiennes, n’avaient pas payé leur loyer depuis février.

Si l’Assemblée nationale avait fait une enquête sur la dette publique, remontant jusqu’en février, les petits bourgeois de leur côté réclamaient une enquête sur les dettes bourgeoises contractées antérieurement à cette date. Ils se rassemblèrent en masse à la Bourse et demandèrent avec menaces que tout commerçant pouvant prouver qu’il n’avait fait faillite qu’à la suite du trouble commercial apporté au négoce par la révolution, pouvant établir que ses affaires étaient bonnes le 24 février, que ce commerçant se vît accorder une prorogation des échéances par un jugement du Tribunal de commerce et vît obliger le créancier à réduire ses échéances à une répartition proportionnelle modérée. Le projet de loi relatif à cette question fut discutée à la Chambre sous le nom de concordats à l’amiable. L’Assemblée hésitait, quand on apprit subitement qu’à la porte Saint-Denis des milliers de femmes et d’enfants, des insurgés de Juin, se préparaient à présenter une pétition d’amnistie.

Les petits bourgeois tremblèrent à la résurrection du spectre de Juin et l’assemblée retrouva son inflexibilité. « Les concordats à l’amiable » entre créanciers et débiteurs furent rejetés en leurs points essentiels.