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le xviii brumaire de louis bonaparte
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révolutionnaires, encore superficielles, il est vrai ; mais la bourgeoisie avait repoussé les campagnards avec violence chaque fois qu’ils se mettaient en mouvement. Sous la République parlementaire une lutte s’établit entre la conscience moderne et la conscience traditionnelle du paysan. Le procès se poursuivit sous la forme d’un combat incessant mené par les instituteurs contre les prêtres. La bourgeoisie abattit les maîtres d’école. Les paysans pour la première fois s’efforçaient de se conduire avec indépendance vis-à-vis de l’action gouvernementale. On le vit dans les conflits continuels survenus entre les maires et les préfets. La bourgeoisie révoqua les maires. Enfin pendant la période de la République parlementaire, les paysans se soulèvent en plusieurs endroits, contre leur propre fille : l’armée. La bourgeoisie les punit par l’état de siège et des exécutions. Et cette même bourgeoisie s’en va maintenant criant contre la stupidité des masses, de la « vile multitude » qui l’a traîtreusement livrée à Bonaparte. C’est elle-même pourtant qui a violemment consolidé l’impérialisme de la classe paysanne. C’est elle qui a maintenu les conditions où cette religion paysanne prend son origine. Assurément la bourgeoisie doit craindre la stupidité des masses tant qu’elles restent conservatrices et l’intelligence des masses dès qu’elles deviennent révolutionnaires.

Une partie des paysans français protesta après le « coup d’État » par des insurrections, les armes