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leurs intérêts et leur culture de ceux des autres classes et les placent à l’égard de ces dernières dans une position hostile. Ils ne forment pas une classe à un autre point de vue ; seul un lien local réunit les paysans parcellaires ; la similitude de leurs intérêts ne crée pas de communauté, d’unité nationale et d’organisation politique entre eux. Ils sont par suite incapables de faire prévaloir, en leur propre nom, leurs intérêts de classe soit par un Parlement, soit par une convention. Ils ne peuvent se représenter eux-mêmes, il faut les représenter. Leur représentant doit leur apparaître de plus sous la forme d’un maître, d’une autorité, d’un pouvoir illimité, capable de les protéger contre les autres classes et de faire en leur faveur la pluie et le beau temps. L’influence politique des paysans parcellaires trouve donc sa dernière expression dans la subordination de la société au pouvoir exécutif.

La tradition historique a fait naître dans l’esprit du paysan français la croyance miraculeuse qu’un homme du nom de Napoléon le rétablirait dans toute sa splendeur. Il se trouva un individu qui se faisait passer pour cet homme parce qu’il portait le nom de Napoléon, d’accord en cela avec le « code Napoléon » qui proclame : « La recherche de la paternité est interdite[1]. » Après un vagabondage long de vingt ans et une série d’aventures grotesques, la légende s’accomplit et l’homme

  1. En français dans le texte.