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la lutte des classes en france

rieur, est compétent pour nommer ou révoquer un commissaire de police. Pendant toute cette période, nous voyons le parti de l’ordre contraint par sa position équivoque de consumer, de dissiper ses forces en de mesquines querelles de compétence, en chicanes, contestations, conflits de pouvoirs et faire des questions de forme les plus insipides l’objet de son activité. Ce parti n’ose pas créer un conflit au moment où le pouvoir exécutif est réellement exposé, et où la cause de l’Assemblée deviendrait celle de la nation. Ce serait indiquer à celle-ci une marche à suivre et on ne craint rien tant que de voir la nation se remuer. Dans ces occasions, l’Assemblée repousse les propositions de la Montagne et passe à l’ordre du jour. Une fois que le litige qui avait pris de l’importance est ainsi réglé, le pouvoir exécutif attend tranquillement le moment où il peut reprendre la question sous un motif mesquin, insignifiant, où, pour ainsi dire, elle n’offre plus qu’un intérêt local, parlementaire. C’est alors qu’éclate la rage contenue du « parti de l’ordre » ; c’est alors qu’il déchire les voiles, montre les coulisses. Il dénonce le président. Il déclare la patrie en danger ; mais alors son pathos paraît insipide. La cause de la bataille semble n’être plus qu’un prétexte hypocrite et n’en valoir pas la peine. La tempête parlementaire devient une tempête dans un verre d’eau, la lutte, une intrigue, la collision, un scandale. Tandis que la malignité des classes révolutionnaires se repaît de l’humilité de