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avait éloigné ses chefs, il faisait également place à des capacités inférieures à qui cette nouvelle situation plaisait. Si l’on ne pouvait plus douter de leur impuissance dans le Parlement, ils se voyaient justifiés à limiter leur action à des accès d’indignation vertueuse et à des déclamations ronflantes. Si le parti de l’ordre préférait voir en eux les derniers représentants officiels de la révolution, l’incarnation de l’anarchie et de toutes ses terreurs, il leur était permis de se montrer en réalité d’autant plus sages. Ils se consolèrent du 13 juin par ce profond détour. Mais que l’on ose s’attaquer au suffrage universel, oh alors ! Alors nous montrerons qui nous sommes. Nous verrons[1].

Au sujet des montagnards réfugiés à l’étranger, bornons-nous à remarquer que Ledru-Rollin, ayant réussi à ruiner en deux semaines, sans espoir de retour, le puissant parti à la tête duquel il se trouvait, se crut désigné pour former un gouvernement français in partibus. Dans l’éloignement, écartée du terrain de l’action, sa figure parut grandir au fur et à mesure que baissait le niveau de la révolution et que les célébrités officielles de la France officielle devenaient de plus en plus des nains. Il fait figure de prétendant républicain en 1852 ; adresse des circulaires périodiques aux Valaques et autres peuples, où il menace les despotes du continent de ses hauts faits et de ceux

  1. En français dans le texte.