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la lutte des classes en france

l’étranger, une autre fut déférée à la haute cour de Bourges, et un règlement parlementaire soumit le reste à une surveillance de maître d’école exercée par le président de l’Assemblée. Paris fut remis en état de siège, et la portion démocrate de sa garde nationale dissoute. L’influence de la Montagne dans le Parlement et la puissance des petits bourgeois à Paris étaient détruites.

Lyon, où le 13 juin avait donné le signal à une sanglante insurrection ouvrière fut de même mis en état de siège avec cinq départements limitrophes. Cette situation dure encore en ce moment.

Le gros de la Montagne avait abandonné son avant-garde en refusant de signer sa proclamation. La presse avait déserté, puisque deux journaux seulement avaient osé publier le pronunciamento. Les petits bourgeois trahirent leurs représentants : les gardes nationaux restèrent à l’écart, ou s’ils se montrèrent, ce fut pour empêcher l’élévation des barricades. Les représentants avaient dupé les petits bourgeois puisqu’on ne pût apercevoir nulle part les prétendus affiliés qu’on avait dans l’armée. Enfin au lieu de tirer un accroissement de force de l’adhésion du prolétariat, le parti démocrate avait infesté de sa propre faiblesse le parti prolétarien, et comme c’est l’ordinaire dans les hauts faits démocratiques, les chefs avaient la satisfaction de pouvoir accuser leur « peuple » de désertion, le peuple, le plaisir de taxer ses chefs de duperie.