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la lutte des classes en france

confessé sa foi démocratique, et le chef de la Montagne, Ledru-Rollin, à la différence de tous les représentants du « parti de l’ordre », avait été élevé à la noblesse parlementaire par son élection dans cinq départements qui avaient réuni leurs suffrages sur son nom. Le 29 mai 1849, la Montagne paraissait donc posséder toutes les chances de succès au sein des collisions qui devaient inévitablement se produire entre les royalistes ainsi qu’entre le « parti de l’ordre » tout entier et Bonaparte. Quatorze jours plus tard, elle avait tout perdu, même l’honneur.

Avant de poursuivre l’histoire parlementaire de cette époque, certaines remarques sont nécessaires, si nous voulons éviter les illusions qui trompent ordinairement sur le caractère de la période que nous étudions. A voir les choses à la façon des démocrates, la question est la même à l’époque de l’Assemblée nationale législative et sous la Constituante : c’est une simple lutte entre républicains et royalistes. Ils mettent tout le mouvement sous la même rubrique : c’est la réaction, nuit où tous les chats sont gris et qui leur permet de psalmodier leurs lieux communs, dignes de veilleurs de nuit. A la vérité, le « parti de l’ordre » se présente à première vue sous l’aspect d’un écheveau embrouillé des diverses fractions royalistes qui, non seulement intriguent entre elles pour élever au trône leur prétendant particulier et exclure le prétendant du parti adverse, mais