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le xviii brumaire de louis bonaparte
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ces invectives contre le pouvoir législatif, les apprit par cœur et montra aux royalistes parlementaires le 2 décembre 1851 qu’il avait profité à leur école. Il tourna contre eux leurs propres rubriques.

Le ministère Barrot et le parti de l’ordre allèrent plus loin. Ils suscitèrent dans toute la France des pétitions adressées à l’Assemblée nationale où on la priait très amicalement de vouloir bien disparaître. Ils faisaient ainsi ouvrir le feu par la masse inorganique de la nation contre l’Assemblée nationale, émanation du peuple, constitutionnellement organisée. Ils enseignèrent à Bonaparte à en appeler des assemblées parlementaires à la nation. Enfin vint le 29 janvier 1849, jour où la Constituante devait décider de sa propre dissolution. L’Assemblée trouva le lieu de ses séances militairement occupé. Changarnier, le général du « parti de l’ordre », entre les mains duquel était réuni le commandement supérieur des troupes de ligne et de la garde nationale, passa de grandes revues à Paris, comme si l’on se trouvait à la veille d’une bataille et les royalistes coalisés déclarèrent, en menaçant, à la Constituante qu’on emploierait la violence si elle ne se montrait pas docile. Elle était docile et ne marchanda qu’une toute petite prolongation d’existence. Qu’était le 29 janvier sinon le « coup d’État » du 2 décembre 1851, tenté cette fois-ci par les royalistes avec Bonaparte contre l’Assemblée républicaine ? Ces messieurs ne remarquèrent pas, ou ne voulurent pas le faire,