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la lutte des classes en france

La plus mince des réformes financières échouait devant l’influence des banquiers, par exemple, la réforme postale. Rothschild protesta. L’État pouvait-il amaigrir des sources de revenu dont pouvait profiter la dette sans cesse croissante ?

La monarchie de Juillet n’était qu’une compagnie par actions fondée pour l’exploitation de la richesse nationale de la France. Les ministres, les Chambres, deux cent quarante mille électeurs et ceux qui les approchaient s’en partageaient les dividendes. Louis-Philippe était le directeur de cette compagnie. Robert Macaire était sur le trône. Le commerce, l’industrie, l’agriculture, la navigation, les intérêts de la bourgeoisie industrielle étaient condamnés à être constamment exposés, menacés par ce système. Cette bourgeoisie avait inscrit sur ses drapeaux : « Gouvernement à bon marché ».

L’aristocratie financière dictait les lois, présidait à l’administration de l’État, disposait d’une grande partie des pouvoirs organisés, régnait sur l’opinion publique grâce aux événements et à la presse. Dans toutes les sphères, de la cour au « café borgne », on retrouvait la même prostitution, la même tromperie éhontée, la même soif de s’enrichir, non en produisant, mais en escamotant la richesse que d’autres possédaient déjà. Les régions supérieures de la société bourgeoise subirent les convoitises malsaines, déréglées, effrénées dont la satisfaction viole incessamment même les