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le xviii brumaire de louis bonaparte
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jouit de la toute-puissance parlementaire, décide en dernière instance en matière de paix, de guerre, de traités de commerce, possède seule le droit d’amnistie ; sa permanence met sans interruption cette Assemblée au premier plan. D’autre part, le président est pourvu de tous les attributs du pouvoir royal, a la faculté de nommer et de révoquer ses ministres sans intervention de l’Assemblée nationale ; il réunit en ses mains tous les moyens d’action du pouvoir exécutif, pourvoit à tous les emplois, décide de l’existence d’un million et demi de citoyens, c’est en effet le nombre formé par les cinq cent mille fonctionnaires et par les officiers de tous grades. Il est à la tête de toute la force armée. Il jouit du privilège de gracier isolément les criminels, de suspendre les gardes nationaux, de révoquer, d’accord avec le Conseil d’État, les conseillers généraux, cantonaux, communaux élus par les citoyens. L’initiative dans les traités, la direction des négociations lui sont réservées. Tandis que l’Assemblée reste constamment sur les planches exposée au grand jour, à la critique, il mène une vie cachée dans les Champs-Élysées, ayant devant les yeux et dans son cœur l’article 45 de la constitution qui lui crie tous les jours : « Frère, il faut mourir ! » Ton pouvoir cesse le second dimanche du joli mois de mai, dans la quatrième année de ton élévation ! Alors ton règne prend fin, il n’y aura pas de seconde représentation. Si tu as des dettes, vois à temps