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abolition du suffrage universel
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tion, plus ou moins tempérée par telle ou telle disposition. Elle se prononçait pour une restauration monarchique qu’elle ne déterminait pas plus précisément, pour une solution. Elle avouait, en même temps, qu’elle était trop lâche et trop incompétente pour résoudre ce problème. Le parti bonapartiste interpréta immédiatement ce vœu en faveur de la revision dans le sens de la prolongation de la présidence de Bonaparte.

La solution constitutionnelle : abdication de Bonaparte en mai 1852, élection simultanée d’un président par tous les électeurs du pays, revision de la constitution par une assemblée spéciale pendant les premiers mois de la nouvelle présidence, cette solution est tout à fait inadmissible aux yeux de la classe dominante. Le jour de la nouvelle élection présidentielle serait la date de la rencontre de tous les partis ennemis, légitimistes, orléanistes, républicains bourgeois, révolutionnaires. On en viendrait nécessairement à une action décisive et violente entre les différentes fractions. De même, si le « parti de l’ordre » réussissait à s’unir sur la candidature d’un homme neutre pris en dehors des familles dynastiques, il se trouverait encore en en présence de Bonaparte. Dans sa lutte contre le peuple, le « parti de l’ordre » est constamment obligé d’augmenter le pouvoir de l’Exécutif. Chacune de ces augmentations accroît la puissance de celui qui détient le pouvoir exécutif, de Bonaparte. Dans la mesure donc où le « parti de l’ordre »