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la lutte des classes en france

entraves antérieures. C’est le socialisme de l’industrie, du commerce et de l’agriculture. En effet, les grands capitalistes, membres du parti de l’ordre, renient les intérêts de ces industries qui ne s’accordent plus avec leurs monopoles privés. Ce socialisme bourgeois, qui, naturellement, rallie autour de lui une partie des ouvriers et des petits bourgeois comme le font toutes les espèces bâtardes de socialisme, se distingue du socialisme petit bourgeois proprement dit, du socialisme « par excellence ». La petite bourgeoisie hait le capital parce qu’elle est débitrice : elle demande des institutions de crédit. Le capital l’écrase par la concurrence : elle réclame des associations subventionnées par l’État. Le capital l’accablé par la concentration : elle veut des impôts progressifs, des restrictions à l’héritage, l’entreprise par l’État des grands travaux, d’autres mesures encore qui entravent puissamment l’accroissement du capital. Comme elle rêve à la réalisation pacifique de son socialisme, qu’elle compte même sur une seconde révolution de Février durant pendant quelques jours, elle croit naturellement que le procès historique futur consiste dans l’application des systèmes que les penseurs sociaux conçoivent ou ont conçu soit en compagnie, soit en inventeurs isolés. Les petits bourgeois deviennent ainsi les éclectiques ou les adeptes des systèmes socialistes déjà existants, du socialisme doctrinaire qui n’est resté l’expression théorique du prolétariat qu’aussi longtemps que