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la lutte des classes en france

Louis-Philippe n’avait jamais osé faire d’un véritable « loup-cervier[1] » (Bœrsenwolf) un ministre des finances. Sa royauté était le nom idéal que portait la domination de la haute bourgeoisie. Aussi, dans ses ministères, les intérêts privilégiés devaient-ils recevoir des dominations idéologiquement désintéressées. La République bourgeoise mettait partout en évidence ce que les diverses monarchies, légitimiste ou orléaniste, laissaient à l’arrière-plan. Elle matérialisait ce que l’on idéalisait autrefois. Elle remplaçait les vocables consacrés par les noms propres bourgeois des intérêts de classes dominants.

Toute notre exposition a montré que la République, à dater du premier jour de son existence, loin de renverser l’aristocratie financière, ne fit que la consolider ; mais les concessions qu’on lui faisait étaient une nécessité à laquelle on se soumettait sans qu’on fît rien pour la faire naître. Avec Fould, l’initiative gouvernementale revenait à l’aristocratie financière.

On se demandera comment la bourgeoisie coalisée pouvait supporter, tolérer la suprématie de la finance, alors que, sous Louis-Philippe, la domination de cette aristocratie impliquait l’exclusion et la subordination des autres fractions bourgeoises ?

La réponse est simple.

  1. En français dans le texte.