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de juin 1849 au 10 mars 1850
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appeler citoyens, voilà qui excitait l’enthousiasme des chevaliers de l’ordre.

Les élections complémentaires du 8 juillet à Paris, survenues en plein état de siège et marquées par l’abstention d’une grande partie du prolétariat, la prise de Rome par l’armée française, la rentrée dans cette ville des éminences rouges et, à leur suite, de l’inquisition et du terrorisme des moines ajoutèrent de nouveaux triomphes à la victoire de Juin et accentuèrent l’ivresse du parti de l’ordre.

Enfin à la mi-août, voulant se rendre dans les conseils départementaux qui venaient de se réunir, fatigués aussi par cette orgie tendancieuse qui durait depuis plusieurs mois déjà, les royalistes décrétèrent une prorogation de deux mois de l’Assemblée nationale. Ils laissaient une commission de vingt-cinq représentants, la crème des légitimistes et des orléanistes, un Molé, un Changarnier, chargée, avec une évidente ironie, de représenter l’Assemblée et de veiller sur la République. L’ironie était plus profonde qu’ils ne le pensaient. Condamnés par l’histoire à prêter leur concours au renversement de la monarchie qu’ils aimaient, l’histoire les condamnait à conserver la République qu’ils haïssaient.

La prorogation de l’Assemblée législative termine la seconde période de l’existence de la République constitutionnelle, sa période de folie.

L’état de siège avait été de nouveau levé à Paris. L’action de la presse se fit de nouveau