Page:Marx - La Lutte des classes en France - Le 18 brumaire de Louis Bonaparte, 1900.djvu/125

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
de juin 1849 au 10 mars 1850
107

les ruines de la coterie du National, du parti républicain bourgeois. Alors que six de ses représentants avaient voté contre, les autres, tous ensemble avaient voté pour le rejet de la mise en accusation. Tandis que Cavaignac mettait son sabre au service du parti de l’ordre, la plus grande partie de la coterie du National qui n’était pas au Parlement saisit avec empressement l’occasion de quitter la position de paria politique et d’entrer dans les rangs du parti démocrate. N’étaient-ils pas les hérauts naturels de ce parti qui se couvrait des mêmes armes, et combattait pour le même principe, pour la constitution.

La Montagne resta en travail jusqu’à l’aurore. Elle accoucha d’une proclamation au peuple qui parut le matin du 13 juin dans deux journaux socialistes à une place plus ou moins honteuse. Elle mettait le président, les ministres, la majorité de l’Assemblée constituante hors la constitution, et invitait la garde nationale, l’armée et finalement le peuple à se soulever. Vive la constitution était le mot d’ordre. Il ne signifiait qu’une chose : A bas la Révolution.

A la proclamation constitutionnelle de la Montagne répondit, le 13 juin, une démonstration pacifique des petits bourgeois, une procession partant du « Château-d’Eau » et passant par les boulevards, 30.000 hommes sans armes, gardes nationaux pour la plupart, mêlés aux membres des sections des sociétés secrètes ouvrières, roulant