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la lutte des classes en france

pour la Constituante. Déjà, le 8 janvier, Ledru-Rollin avait interpellé le cabinet à ce sujet. Le ministère avait nié le fait. L’Assemblée nationale avait passé à l’ordre du jour. Avait-elle confiance dans les paroles du ministère ? Nous savons qu’elle avait employé tout le mois de janvier à lui décerner des votes de défiance. Mais si le ministère était dans son rôle en mentant, l’assemblée était dans le sien en feignant d’avoir foi en ce mensonge et en sauvant ainsi les « dehors » républicains.

Cependant le Piémont avait été battu. Charles-Albert avait abdiqué. L’armée autrichienne frappait aux portes de la France. Ledru-Rollin interpella avec vivacité. Le ministère montra que dans l’Italie du Nord il n’avait fait que continuer la politique de Cavaignac, et Cavaignac la politique du gouvernement provisoire, c’est-à-dire de Ledru-Rollin. Pour cette fois, le gouvernement récolta un vote de confiance. Il fut même autorisé à occuper temporairement un point convenable dans l’Italie du Nord et à appuyer ainsi les négociations pacifiques poursuivies avec l’Autriche au sujet de l’intégrité du territoire sarde et touchant la question romaine. Le sort de l’Italie devait se décider certainement sur les champs de bataille du Nord de ce pays. Rome tombait avec la Lombardie et le Piémont, ou bien la France était obligée de déclarer la guerre à l’Autriche et, par là même, à toute la contre-révolution européenne.