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la lutte des classes en france

devait bénir elle-même la mutilation de ses saints ; mais les clubs étaient les points de rassemblement, les lieux de conspiration du prolétariat révolutionnaire. L’Assemblée nationale elle-même avait interdit la coalition des ouvriers contre les bourgeois. Et les clubs, qu’était-ce sinon une coalition de la classe ouvrière tout entière contre l’ensemble de la classe bourgeoise ? N’était-ce pas un État ouvrier qui s’élevait en face de l’État bourgeois ? Ne formaient-ils pas autant d’Assemblées constituantes du prolétariat, autant de sections toutes prêtes de l’armée de la révolte ? Ce que la constitution devait constituer avant tout, c’était la suprématie de la bourgeoisie. La constitution ne pouvait donc visiblement entendre par droit d’association que le droit à l’existence des associations cadrant avec la suprématie de la bourgeoisie, s’accordant avec l’ordre bourgeois. Si, par convenance théorique, la formule était générale, le gouvernement et l’Assemblée n’étaient-ils pas là pour l’interpréter et l’appliquer ? Et si, à l’époque primitive de la République, les clubs étaient, en fait, interdits, par l’état de siège, ne devaient-ils pas l’être par la loi dans la République régulière et constituée ? Les républicains tricolores ne pouvaient opposer à cette interprétation prosaïque de la constitution que la phrase redondante de la constitution. Une partie de ceux-ci, Pagnerre, Duclerc, votèrent pour le ministère et lui créèrent ainsi une majorité. L’autre partie, l’archange