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l’un des principaux résultats des secousses survenues ces dernières années consiste, semble-t-il, en ce que, partout où la classe ouvrière concentrée se trouve en masses tant soit peu considérables, elle est entièrement débarrassée de l’influence démocratique qui, pendant les années 1848 et 1849, l’a conduite à toute une série de fautes et de désastres. Mais n’anticipons pas ; les événements de ces deux années nous fourniront en abondance l’occasion de montrer messieurs les démocrates à l’œuvre.

Les paysans prussiens, comme les paysans autrichiens, mais avec moins d’énergie, parce que l’oppression du féodalisme était, en somme, moins forte, ont profité de la Révolution pour s’affranchir aussitôt de toutes les entraves féodales. Mais, pour les raisons que nous avons exposées plus haut, dans notre pays les classes moyennes se sont aussitôt tournées contre eux, leurs alliés les plus anciens et les plus indispensables ; les démocrates, effrayés, autant que la bourgeoisie, par de prétendues attaques contre la propriété privée, ne les soutenaient pas non plus, — et après une émancipation de trois mois, après des luttes sanglantes et des exécutions militaires, particulièrement en Silésie, la bourgeoisie, hier encore antiféodale, rétablit le féodalisme de ses propres mains. C’est l’acte le plus impardonnable qu’on puisse lui reprocher. Jamais aucun parti dans l’histoire n’a commis semblable trahison envers ses meilleurs