Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/84

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

laire ou parti démocratique, comme il s’intitulait maintenant, de se développer rapidement. Ce parti, ayant à sa tête les petits industriels et les boutiquiers et réunissant autour de son drapeau, au commencement de la Révolution, la grande majorité des ouvriers, demandait le suffrage universel et direct, comme en France, une Assemblée législative unique et la reconnaissance pleine et entière de la Révolution du 18 mars comme base du nouveau système gouvernemental. La fraction plus modérée se serait déclaré satisfaite de la monarchie ainsi « démocratisée » ; ceux qui étaient plus avancés posaient comme but l’établissement de la République. Les deux fractions étaient d’accord pour reconnaître dans l’Assemblée nationale allemande de Francfort l’autorité suprême du pays, tandis que les constitutionnalistes et les réactionnaires affectaient une grande horreur pour la souveraineté de cette assemblée qu’ils considéraient comme entièrement révolutionnaire.

Le mouvement indépendant des classes ouvrières s’est trouvé pour quelque temps interrompu par la Révolution. Les besoins immédiats et les conditions du mouvement étaient tels qu’ils ne permettaient de mettre en avant aucune revendication spéciale au parti prolétarien. En effet, tant que le terrain n’était pas assez déblayé pour permettre une action indépendante des ouvriers, tant que le suffrage universel et direct n’était pas encore établi, tant que les trente-six États, plus grands ou