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de Vienne. Tout cela ne pouvait être que très désagréable aux industriels viennois. Les industries de la ville, calculées pour la consommation des grandes maisons des riches et des aristocrates d’un grand pays, se trouvaient naturellement complètement arrêtées par la Révolution, par la fuite de l’aristocratie et de la Cour ; le commerce était suspendu, et l’agitation et l’excitation continuelles que maintenaient les étudiants et les ouvriers n’étaient certainement pas un bon moyen de « rétablir la confiance », comme on disait. Aussi une certaine froideur s’établit-elle bientôt entre les classes moyennes d’un côté et les étudiants turbulents et les ouvriers de l’autre ; et si, pendant longtemps, elle n’alla pas jusqu’à une hostilité ouverte, cela vint de ce que le ministère, et en particulier la cour dans leur impatience de rétablir l’ancien ordre des choses justifiaient constamment les suspicions et l’activité turbulente des partis plus révolutionnaires et évoquaient constamment même devant les yeux de la bourgeoisie, le spectre de l’ancien despotisme de Metternich. Ainsi, le 15, puis le 26 mai, il se produisit de nouveaux soulèvements de toutes les classes de la population viennoise : le Gouvernement avait fait une tentative de restreindre ou de supprimer quelques-unes des libertés récemment acquises, et chaque fois l’alliance entre la garde nationale, c’est-à-dire la bourgeoisie armée, les étudiants et