Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/57

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

régné pendant quelque temps, l’une dans les pays catholiques, l’autre dans les pays protestants ; il n’y avait, entre elles, d’autre distinction que leur origine différente ; quant à leurs doctrines, elles étaient parfaitement d’accord sur le point le plus important : tous les dogmes bien définis étaient pour elles sans-valeur ; le manque de précision était leur essence même ; elles prétendaient bâtir un grand temple, sous la voûte duquel pourraient se réunir tous les Allemands ; elles représentaient ainsi, sous une forme religieuse, une autre idée politique du jour, l’unité allemande, et cependant elles n’ont jamais pu s’entendre entre elles.

Cette idée de l’unité allemande que les sectes, dont nous venons de parler, cherchaient à réaliser au moins sur une base religieuse en inventant une religion commune à tous les Allemands et fabriquée spécialement pour leurs usages, leurs habitudes et leurs goûts, cette idée était, en effet, très répandue, surtout dans les petits États. Depuis la dissolution de l’empire germanique sous l’influence de Napoléon, la réunion de tous les disjecta membra du corps allemand, était la revendication qui exprimait de la façon la plus générale le mécontentement à l’égard de l’ordre des choses établi, surtout dans les petits États, où les dépenses de la Cour, de l’administration, de l’armée, en un mot, — tout le poids mort des impôts, — augmentaient en raison directe de la petitesse et de l’im-