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prétendus privilèges politiques dont ils avaient l’habitude de se vanter en se comparant aux « esclaves du despotisme » de l’Autriche et de la Prusse ; mais leur opposition ne contenait pas un but précis qui eût pu servir d’étiquette à un parti indépendant, différent du constitutionnalisme de la haute bourgeoisie. Le mécontentement grandissait également parmi les paysans ; mais on sait bien que cette partie de la population ne défend jamais ses intérêts et ne se pose jamais en classe indépendante dans les temps tranquilles et paisibles, si ce n’est dans les pays où existe le suffrage universel. Les classes ouvrières des industries et manufactures des villes commençaient à être infectées des « poisons » socialiste et communiste ; mais comme il n’y avait, en dehors de la Prusse, que peu de villes de quelque importance et encore moins de districts manufacturiers, le mouvement de cette classe était, à cause du manque de centres d’action et de propagande, extrêmement lent dans ces petits États.

Aussi bien en Prusse que dans les États plus petits, la difficulté de développer une opposition politique a créé une sorte d’opposition religieuse sous la forme de deux mouvements parallèles : le catholicisme allemand et le congrégationnalisme libre. L’histoire nous montre, par de nombreux exemples, que, dans les pays qui jouissent des bienfaits d’une Église d’État et où la discussion politique est restreinte, l’opposition profane, dan-