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réprimande, mais n’en resta pas moins sans argent. Il avait, en effet, de bonnes raisons pour s’alarmer de sa situation ; la Ligue libérale, conduite par les classes moyennes et comprenant une grande partie de la basse noblesse, ainsi que de nombreux mécontents accumulés dans les différentes couches des ordres inférieurs, cette Ligue était décidée à obtenir ce qu’elle voulait. En vain le roi déclarait-il, dans son discours d’ouverture, que jamais, jamais il n’octroyerait une constitution au sens moderne de ce mot : la Ligue libérale insistait pour obtenir une constitution représentative, moderne, antiféodale, comportant toutes ses conséquences : liberté de la presse, jurys, etc. ; elle ne voulait pas accorder un sou avant de l’avoir obtenue. Il était évident que les choses ne pouvaient durer ainsi plus longtemps : une des deux parties devait céder, ou bien il fallait en arriver à une rupture, à une lutte sanglante. Les classes moyennes se savaient à la veille d’une révolution et s’y préparaient. Elles cherchaient par tous les moyens possibles à obtenir l’appui de la classe ouvrière des villes, et l’aide des paysans des districts agricoles ; on sait parfaitement qu’à la fin de l’année 1847 il n’y avait peut-être pas un seul, parmi les hommes politiques marquants de la bourgeoisie qui ne se fût proclamé « socialiste » dans le but de s’assurer les sympathies de la classe prolétarienne. Nous allons voir ces « socialistes » à l’œuvre.