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le contraire de ce dont elle avait besoin. À peine sa loquacité eut-elle été déchaînée par la mort de son père que le nouveau roi se mit à proclamer ses intentions dans des discours sans nombre, et chacun de ses discours, chacun de ses actes, lui aliénait les sympathies de la classe moyenne. Il n’y aurait pas fait grande attention, s’il n’y avait pas été forcé par la dure et décevante réalité qui vint interrompre ses rêves poétiques. Hélas, le romantisme sait mal calculer, et le féodalisme a toujours, depuis Don Quichotte, compté sans son hôte ! Frédéric-Guillaume IV a trop partagé ce mépris pour l’argent comptant qui a toujours été le plus noble héritage des fils des croisés. À son avènement, il trouva un système de gouvernement coûteux, quoiqu’organisé parcimonieusement, et un trésor d’État qui n’était que médiocrement plein ; au bout d’un espace de deux ans, les dernières traces du surplus existant étaient dépensées en fêtes de la cour, en voyages du roi, en subventions aux nobles nécessiteux, râpés et cupides, etc. ; les impôts réguliers ne suffisaient plus ni aux exigences de la Cour, ni à celles du Gouvernement. Sa Majesté se trouva ainsi placée entre un déficit manifeste, d’une part, et une loi datant de 1820, de l’autre, loi d’après laquelle tout nouvel emprunt et toute augmentation des impôts existants étaient illégaux, s’ils étaient faits sans l’assentiment de la « future représentation du peuple ». Cette représentation n’existait pas, et