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tion était donc à peine vraisemblable. C’est avec cette résignation qu’écrivait le correspondant berlinois du Times, écho servile des appréhensions qui frappaient les sphères les plus élevées sur les bords de la Sprée. La jubilation de cette cour byzantine et de ses eunuques n’en fut que plus vive, quand le télégraphe électrique lança de Cologne à Berlin le « coupable » des jurés.

Avec les révélations sur les procès-verbaux originaux, le procès était entré dans un nouveau stade. Les jurés n’étaient plus libres d’affirmer la culpabilité ou l’innocence des accusés ; il leur fallait déclarer coupables ou bien les accusés, ou bien le Gouvernement. Absoudre les accusés, c’était condamner le Gouvernement.

Dans sa réplique aux plaidoiries des avocats, le procureur Saedt abandonna les procès-verbaux originaux. Il ne voulait pas faire usage d’un document souillé d’une telle tache, lui-même le tenait pour « non authentique » ; c’était une « mauvaise » action ; il avait fait perdre beaucoup de temps ; il n’apportait rien à l’affaire ; Stieber s’était laissé mystifier dans un accès de zèle louable., etc.

Mais le parquet lui-même avait, dans l’accusation, prétendu que le cahier original contenait « beaucoup de vrai ». Bien loin d’en contester l’authenticité, il avait simplement regretté de ne pouvoir en fournir de preuves. L’authenticité du cahier original, attestée par Stieber, une fois mise en péril, l’authenticité de la déposition de Cherval