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abolition ; ce que l’on supportait en silence sous l’ancien roi était maintenant hautement proclamé intolérable.

Mais si Louis XVI, « Louis le Désiré », avait été un simple niais, sans prétentions, à moitié conscient de sa propre nullité, ne possédant aucune opinion arrêtée et gouverné surtout par les habitudes que lui avait données son éducation, « Frédéric-Guillaume le Désiré » était quelque chose de très différent. S’il surpassait incontestablement son original français en faiblesse de caractère, il n’était dépourvu ni de prétentions ni d’idées. Il avait acquis, en amateur, la connaissance des éléments de la plupart des sciences et se croyait par conséquent assez savant pour prononcer un jugement décisif sur n’importe quel sujet. Il se croyait un orateur de premier ordre, et certainement aucun commis voyageur de Berlin ne pouvait le surpasser pour l’abondance de prétendus traits d’esprit et la rapidité d’élocution. Mais, surtout, il avait des opinions à lui, et s’il haïssait et méprisait l’élément bureaucratique de la monarchie prussienne, c’était uniquement parce que toutes ses sympathies allaient à l’élément féodal. Étant lui-même un des fondateurs et des principaux collaborateurs de la Revue politique hebdomadaire de Berlin[1], un représentant de l’École qu’on a appelée historique (et qui vivait des idées de Bonald, de de

  1. Politisches Wochenblatt.