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Cela était justifié en France, où le prolétariat était vaincu par la bourgeoisie, et où l’attaque, dirigée contre le Gouvernement, se confondait avec l’attaque dirigée contre la bourgeoisie. Une autre partie de ces sociétés secrètes s’occupait d’organiser le prolétariat en parti sans se préoccuper du Gouvernement existant ; la chose était nécessaire dans des pays comme l’Allemagne, où la bourgeoisie et le prolétariat étaient soumis tous deux à des Gouvernements à demi-féodaux. Dans ce cas, une victoire remportée sur les Gouvernements existants aurait, au lieu de détruire sa puissance, porté au pouvoir la bourgeoisie ou encore ce qu’on appelle la classe moyenne. Sans doute, les membres du parti prolétarien auraient participé encore à une révolution dirigée contre le statu quo. Mais ce n’était pas leur tâche de préparer cette révolution, de faire de l’agitation en sa faveur, de conspirer, de comploter pour elle. Ils pouvaient laisser ce soin aux conditions générales et aux classes qui s’y trouvaient directement intéressées. Ils devaient le faire s’ils ne voulaient pas renoncer à la constitution du parti et à leurs devoirs historiques, qui découlent d’eux-mêmes des conditions générales d’existence du prolétariat. Pour eux, les Gouvernements actuels n’étaient que des manifestations éphémères, et le statu quo un petit arrêt. S’attaquer à lui était une tâche qu’il fallait laisser à une démocratie mesquine et étroite.