Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/36

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nouveaux sur le sol allemand, de l’industriel de la politique et de l’opposition, ont, par leurs discours et leurs écrits, rendu familier à l’oreille allemande le langage du constitutionnalisme et, par leur existence même, ont fait prévoir l’approche d’un temps où la classe moyenne s’emparerait, pour leur rendre leur valeur propre, des phrases politiques, que ces avocats et ces professeurs si bavards avaient l’habitude d’employer sans trop connaître le sens qui s’y attachait originellement.

La littérature allemande se trouvait également sous l’influence de l’excitation politique qui s’est emparée de toute l’Europe à la suite des événements de 1830. Presque tous les écrivains de ce temps prêchaient un constitutionnalisme mal ébauché ou un républicanisme encore plus informe. Il devint de plus en plus une habitude, surtout chez les littérateurs de qualité inférieure, de remplacer dans leurs productions le manque d’esprit par des allusions politiques ; c’était un moyen sûr d’attirer l’attention du public. La poésie, les nouvelles, les revues, le drame, bref toute production littéraire abondait en ce qu’on appelait la « tendance », c’est-à-dire en manifestations plus ou moins timides de l’esprit antigouvernemental. Pour compléter cette confusion dans les idées qui régnaient en Allemagne après 1830, il y avait, se mélangeant avec ces éléments d’opposition politique, des souvenirs mal digérés de philosophie