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Ainsi donc, pendant longtemps, longtemps, on s’était en vain évertué à éclaircir quel était au juste ce Cherval. Le soir du 2 septembre, Stieber arrive à Paris. Le soir du 4, Cherval est arrêté. Le soir du 5, il est conduit de sa cellule dans une salle pauvrement éclairée. Stieber s’y trouvait ; mais il avait à côté de lui un fonctionnaire de la police française qui, en sa qualité d’Alsacien, parle un mauvais allemand, mais le comprend parfaitement, possède une mémoire de policier et ne trouve pas très agréable le conseiller de police berlinois prétentieusement servile. En présence donc de ce fonctionnaire français, la conversation suivante a lieu. Stieber : « Écoutez, monsieur Cherval, nous savons très bien ce que signifient le nom français et le passe-port irlandais. Nous, nous vous connaissons, vous êtes un Prussien des provinces Rhénanes, vous vous nommez K… et il ne dépend que de vous d’échapper aux conséquences qui vous menacent en me faisant des aveux complets », etc., etc. Cherval nie. Stieber : « Quiconque a falsifié des billets et s’est évadé des prisons prussiennes est livré à la Prusse par les autorités françaises. Je vous le répète, réfléchissez. Il s’agit de douze ans de prison cellulaire. » Le fonctionnaire de police français. « Nous allons donner du temps à cet homme, il réfléchira dans sa cellule. » Cherval fut reconduit dans sa prison.

Stieber n’avait naturellement pas intérêt à