Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/326

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de mettre un papier dans sa bouche et de l’avaler. On réussit avec difficulté à sauver la moitié du papier, l’autre moitié avait déjà été absorbée. »

Le papier se trouvait donc dans la bouche de Cherval, entre ses dents, car on ne put en sauver qu’une moitié ; l’autre était déjà avalée. Stieber et son assistant, commissaire de police ou autre, ne pouvaient sauver l’autre moitié qu’en mettant la main dans la gueule du « dangereux Cherval ». Le moyen de défense le plus direct qu’eût Cherval pour résister à une semblable attaque était de mordre, et, réellement, les journaux de Paris annoncèrent que Cherval avait mordu Mme  Stieber. Mais, dans cette scène, Stieber était assisté non par sa femme, mais par le commissaire de police. Par contre Stieber déclare que c’est dans l’attentat commis dans son propre domicile que Mme  Stieber fut blessée en lui portant secours. Si l’on compare les témoignages des journaux parisiens et ceux de Stieber, il semble que Cherval, dans la nuit du 3 au 4, mordit Mme  Stieber pour sauver les papiers que M. Stieber lui arrachait des dents dans la nuit du 4 au 5. Stieber nous répondra que Paris est une ville merveilleuse et que déjà Larochefoucauld nous a appris qu’en France il n’est rien d’impossible. Si nous laissons un moment de côté la foi aux miracles, il semble que les premiers miracles viennent de ce que Stieber rassemble, dans la seule journée du 3 septembre, une série d’actions qui, dans le temps, sont très éloignées les unes des