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devait être remis, parce qu’il yen avait de trop. Le dossier, disait-on, est si énorme que l’accusateur ne peut encore s’y reconnaître. Il s’y reconnut cependant ; l’acte d’accusation fut soumis aux accusés, et l’ouverture des débats, fixée au 28 juillet. Cependant l’âme gouvernementale du procès, le directeur de la police, Schulze, était tombé malade. La santé de Schulze coûtait aux accusés trois nouveaux mois d’emprisonnement. Par bonheur Schulze mourut, le public était impatient, le Gouvernement était obligé de lever la toile.

Pendant toute cette période, la direction de la police de Cologne, la présidence de la police de Berlin, les ministères de la Justice et de l’Intérieur, étaient continuellement intervenus dans la marche de l’instruction, comme, plus tard, leur estimable représentant Stieber devait intervenir comme témoin dans les débats publics à Cologne. Le Gouvernement réussit à composer un jury resté inouï dans les annales de la province Rhénane. À côté de membres de la haute bourgeoisie (Herstadt, Leiden, Joest), du patriciat de la ville (von Bianca, von Rath), des hobereaux (Haebling von Lanzenauer, Baron de Fürstenberg), deux conseillers du Gouvernement prussien dont l’un était chambellan du roi (von Münsch-Bellinghausen), enfin un professeur prussien (Kraüsler). Dans ce jury donc, toutes les classes dominantes de l’Allemagne se trouvaient représentées, et elles seules l’étaient.