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métiers, d’industrie domestique exercée au moyen du travail manuel. Elle est devenue maintenant un pays de grande industrie, en état de perpétuelle transformation. À l’époque dont nous parlons, il fallait chercher un par un les ouvriers qui avaient quelqu’intelligence de leur situation comme ouvrier et de leur antagonisme historique et économique vis-à-vis du capital, parce que cet antagonisme ne faisait que de naître. Aujourd’hui c’est tout le prolétariat allemand qu’il faut placer sous des lois d’exception pour arriver à ralentir un peu le procès de son développement pour l’empêcher d’atteindre à la pleine conscience de sa situation de classe opprimée. Autrefois les quelques personnes qui étaient arrivées à connaître le rôle historique du prolétariat étaient obligées de s’assembler en secret, de se réunir en cachette, en petites communes, fortes de trois à vingt hommes. Aujourd’hui le prolétariat allemand n’a plus besoin d’organisation officielle, ni publique ni secrète ; la simple réunion, toute naturelle, de camarades de classe ayant les mêmes idées, suffit, sans statuts, comités, décisions et sans autres formes palpables, à ébranler l’empire allemand tout entier… Le mouvement international du prolétariat européen et américain est devenu si puissant que non seulement sa première forme étroite — la ligue secrète — mais même sa seconde forme, incontestablement plus complète, l’association publique, l’association internationale des travailleurs, est devenue une entrave. Le simple sentiment de