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contre, à rentrer isolément dans leur patrie et, une fois là, à agir en faveur du mouvement. Notre vieil ami Flocon, qui faisait partie du Gouvernement provisoire, obtint pour les travailleurs que nous envoyions ainsi les avantages que l’on accordait aux légionnaires. Nous pûmes faire rentrer en Allemagne trois à quatre cents ouvriers, parmi lesquels la grande majorité des membres de la Ligue.

Comme il était aisé de le prévoir, la Ligue montra peu de puissance dans ces explosions populaires. Les trois quarts de ses membres qui vivaient auparavant à l’Étranger avaient, pour retourner dans leur patrie, changé de résidence ; les communes auxquelles ils appartenaient jusqu’alors étaient dissoutes pour la plus grande partie. Toute liaison avec la Ligue disparut pour elles. Une partie des plus ambitieux ne chercha pas à la rétablir. Mais chacun s’employa à faire naître à son profit un petit mouvement séparé dans sa localité. Enfin, dans chaque petit État, dans chaque province, dans chaque ville les circonstances étaient si différentes que la Ligue eut été incapable de donner autre chose que des instructions très générales. Mais, en ce cas, il eut mieux valu les répandre par la presse. Bref, au moment où disparurent les raisons qui avaient nécessité la Ligue secrète, cette Ligue secrète cessa, de son côté, de signifier quelque chose. C’était peu surprenant pour des gens qui venaient de dépouiller cette Ligue de la moindre apparence de conspiration.