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introduit des dissentiments dans la Société et avait incité ses membres à lire les œuvres en question. Ce vrai socialisme avait rebuté les vieux révolutionnaires de la Ligue par sa fadeur et sa faiblesse. Le manque de solidité des conceptions antérieures, les aberrations pratiques qui en découlaient, prouvaient de plus en plus aux camarades de Londres que la nouvelle théorie de Marx et de moi était de plus en plus justifiée. Il est incontestable que cette opinion s’implanta assez rapidement, grâce à la présence, parmi les principaux membres de la Ligue, à Londres, de deux hommes beaucoup plus capables que leurs camarades de recevoir des connaissances scientifiques : le peintre en miniature, Karl Pfaender de Heilbronn et le tailleur Georg Eccarius de Thuringe[1].

Bref, au printemps de 1847, Moll vint à Bruxelles trouver Marx, puis, peu de temps après, nous rendit visite à Paris pour nous demander, au nom de ses compagnons, d’entrer dans la Ligue. Ils étaient, nous dit-il, autant convaincus de l’exactitude absolue de notre mode de conception que de la nécessité de libérer la Ligue des anciennes tradi-

  1. Pfaender est mort à Londres, il y a à peu près dix ans. C’était un esprit particulièrement fin, spirituel, ironique, dialectique. On sait que Eccarius fut plus tard, pendant de longues années, secrétaire général de l’association internationale des Travailleurs, dans le Conseil général duquel siégeaient entre autres Eccarius, Pfaender. Lessner, Lochner, Marx et moi, anciens membres de la Ligue. Eccarius s’est plus tard consacré exclusivement au mouvement corporatif anglais (Note de Fred, Engels).