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terre et qui se figurait que chacun s’employait à la lui voler. Déjà, à Londres, il s’était brouillé avec les gens de la Ligue. À Bruxelles, où surtout Marx et sa femme s’étaient montrés plein de prévenances pour lui et avaient fait preuve à son égard d’une patience surhumaine, il n’avait pu s’entendre avec personne. Aussi se rendit-il, bientôt après, en Amérique pour s’essayer dans le métier de prophète.

Toutes les circonstances contribuèrent à l’évolution silencieuse qui s’accomplissait au sein de la Ligue et particulièrement chez les principaux chefs de Londres. L’insuffisance des conceptions antérieures du communisme, tant du communisme simpliste des Français fondé sur l’égalité, que du communisme à la manière de Weitling, éclatait de plus en plus.

Weitling avait ramené son communisme au christianisme primitif ; mais quelques géniaux que fussent certains détails que l’on rencontre dans son « Évangile du pauvre pécheur », cette méthode avait abouti, en Suisse, à livrer, en grande partie, le mouvement à des fous, comme Albrecht, puis à de faux prophètes exploiteurs, comme Kuhlmann. Le « vrai socialisme », que débitaient quelques gens de lettres, mauvaise transcription dans l’allemand de Hégel et en vagues sentimentalités de la langue du socialisme français (Voir dans le manifeste communiste le chapitre sur le socialisme allemand ou vrai socialisme), avait