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À Paris, Weitling, qui se trouvait encore dans cette ville en 1840, avait réuni les éléments dispersés avant de partir pour la Suisse.

Le noyau de la Ligue était formé par les tailleurs. On trouvait des tailleurs allemands partout, en Suisse, à Londres, à Paris. Dans cette dernière ville, l’allemand était si bien la langue prédominante dans ce corps de métier que j’y connus, en 1846, un tailleur norvégien, passé par mer directement de Drontheim en France, et qui, en dix-huit mois, n’avait presque pas appris un mot de français, mais fort bien l’allemand. Des communes de Paris en 1847, deux étaient composées surtout de tailleurs et une autre d’ébénistes.

Quand le centre de la Ligue eut été transféré de Paris à Londres, une nouvelle période s’ouvrit pour elle : de Ligue allemande qu’elle était, elle devint peu à peu internationale. Dans le cercle ouvrier, se rencontraient outre les Allemands et les Suisses, des membres de nationalités auxquels l’allemand peut servir de moyen de communication : en particulier, des Scandinaves, Hollandais, Hongrois, Tchèques, Slaves méridionaux, ainsi que des Russes et des Alsaciens. En 1847, un grenadier de la garde, anglais, assistait régulièrement en uniforme aux séances. Le cercle s’appela bientôt : groupe d’étude ouvrier communiste. Sur les cartes des membres, la phrase, « Tous les hommes sont frères », se trouvait reproduite en au moins vingt langues, avec quelques fautes, toutefois, par ci, par là. De même