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tout simplement qu’à fermer sa bourse, et les menaces de la faim mettront bientôt à la raison les récalcitrants.

Le refus des impôts est le seul moyen pacifique de faire prévaloir la volonté nationale contre la force brutale.

Enfin, Messieurs, le ministère public prétend que nous sommes allés beaucoup plus loin que messieurs les conciliateurs.

Le ministère public voudrait prétendre que l’Assemblée nationale voulait simplement prendre sa décision sans avoir l’intention de l’exécuter, voulait faire une mauvaise plaisanterie. Je ne le crois cependant pas. Si l’on décide quelque chose, on doit avoir l’intention d’exécuter sa décision. Aussi, nous inculpés, nous ne sommes nullement allés plus loin que messieurs les conciliateurs. Si vous savez que personne n’a le moindre droit à vous prendre votre argent, mais que quelqu’un s’avise de s’en emparer et veut vous l’arracher par la force, que faites-vous donc ? Vous vous mettez en défense, vous défendez votre propriété et vous vous attaquez à votre agresseur : — c’est tout naturel. Il en est exactement de même dans le refus des impôts. L’Assemblée nationale avait déclaré qu’un ministère coupable de haute trahison n’avait plus aucun droit de lever les impôts ; il était donc du devoir d’un bon citoyen de se mettre en état de défense pour protéger sa propriété contre des attaques non autorisées. En Angleterre, en pareil cas, on ferme sa maison et l’on traite comme un voleur quiconque cherche à s’y introduire par force.

Messieurs, je suis sûr que vous reconnaissez le droit de refuser les impôts. Je suis donc convaincu que, malgré la victoire de la contre-révolution, vous ne nous déclarerez pas coupables, nous qui avons essayé de faire prévaloir ce droit sur l’ordre des représentants de la nation. Mais, même au cas où vous ne le reconnaîtriez pas, vous nous acquitterez, parce que le gouvernement, vraisemblablement pour des raisons politiques, n’a pas encore fait poursuivre les instigateurs de cette décision, ainsi que l’a déclaré M. Rintelen.