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Je me résume brièvement, Messieurs les jurés. Le ministère public ne peut invoquer contre nous les lois du 6 et du 8 avril puisque la couronne les a déchirées elle-même. En soi et pour soi, ces lois ne tranchent rien. Ce sont des créations arbitraires de la Diète fédérale. La décision de l’Assemblée nationale ordonnant le refus des impôts était valable formellement et matériellement. Dans notre appel, nous avons été plus loin que l’Assemblée nationale ne l’a fait. C’était notre droit ; c’était aussi notre devoir.

Je répète, en terminant, que c’est seulement le premier acte du drame qui vient de finir. La lutte entre les deux sociétés, la société médiévale et la société bourgeoise, renaîtra sous des formes politiques. Les mêmes conflits recommenceront dès que l’Assemblée sera de nouveau réunie. L’organe du ministère, la Neue preussiche Zeitung, le prophétise déjà : les mêmes gens ont voté une fois encore, et il sera nécessaire de dissoudre violemment l’Assemblée pour une seconde fois.

Mais, quelle que puisse être la voie ou s’engagera la nouvelle Assemblée nationale, le résultat ne peut être qu’un triomphe complot de la contre-révolution, ou bien une nouvelle Révolution victorieuse ! Peut-être la victoire de la Révolution n’est-elle possible qu’après l’achèvement de la contre-révolution.


L’accusé Schapper a la parole.