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intérêts matériels, leurs besoins, exigent une lutte à mort : l’une doit triompher, l’autre succombe. Voilà la seule entente qui puisse s’établir entre elles. Donc pas de trêve non plus entre les représentants suprêmes dans l’ordre politique de ces deux sociétés, entre la représentation nationale et la couronne. L’Assemblée se trouvait dans cette alternative : s’incliner devant l’ancienne société ou se dresser comme puissance indépendante en face de la couronne.

Messieurs, le ministère public a qualifié le refus des impôts de mesure « qui ébranle les assises de la société ». Le refus des impôts n’a rien à voir avec les assises de la société.

D’où vient, Messieurs, qu’en général les impôts, leur octroi et leur refus jouent un si grand rôle dans l’histoire du constitutionnalisme ? L’explication en est très simple. De même que les serfs achetaient aux barons féodaux leurs privilèges contre espèces, des peuples entiers en agirent de même vis-à-vis des rois féodaux. Les rois avaient besoin d’argent dans leurs guerres contre les nations étrangères et en particulier dans leurs luttes contre les seigneurs féodaux. Plus le commerce et l’industrie se développaient, plus ils avaient besoin d’argent. Mais, à mesure que se développait le tiers état, la bourgeoisie, il avait à disposer de sommes de plus en plus fortes. Dans cette même mesure, il achetait aux rois, par le moyen des impôts, des libertés de plus en plus nombreuses. Pour s’as-